AOSTE (ces) L’année 2024 a marqué un tournant pour l’association de promotion sociale «Nos Accents», qui se soucie de la sauvegarde de la toponymie de la Vallée d’Aoste, c'est-à-dire des noms des lieux qui existent dans notre région. En avril 2024, elle est passée de simple comité à association de promotion sociale en remplissant les conditions qui lui ont permis de s’enregistrer sur la base de données nationale des associations (RUNTS).
Le 17 juillet, l’association «Nos Accents» a présenté une étude au Salon Ducal de l'Hôtel de Ville d'Aoste, recensant 270 panneaux non conformes à la législation régionale en matière de toponymie. Cette analyse a mis en lumière que plus de 7 panneaux sur 10 sont de compétence des Communes et de la Région. Les panneaux moins bien orthographiés concernent les noms des communes (68,5 pour cent), les noms de hameaux (37,4 pour cent) et les fautes d’orthographe (5,5 pour cent) ; les toponymes plus fréquemment mal écrits sont Aoste (qui a deux noms officiels, 39), Châtillon (29), Saint-Vincent (23) et Pont-Saint-Martin (19).
En automne et en hiver, l’association a pu rencontrer le président de la Région Renzo Testolin, l’Assesseur régional aux Activités et aux biens culturels Jean-Pierre Guichardaz, l’assesseur régional aux Transports et à la mobilité durable Luigi Bertschy et l’assesseur aux Ouvrages publics et au territoire Davide Sapinet.
«Nous avons rencontré le président Testolin et l’assesseur Sapinet pour partager la liste des panneaux non conformes à la législation en vigueur, qui se base sur la Loi régionale nombre 61 du 9 décembre 1976. - dit le président de l’association Roland Martial - Nous avons partagé la liste des panneaux avec les coordonnées GPS de chaque panneau non conforme à M. Sapinet et nous attendons une réponse de la part de l’Assessorat d’ici la moitié du mois de février. Un panneau sur quatre est de compétence de la Région, et il faut au plus vite résoudre les panneaux sur les routes plus fréquentées, notamment celles gérées par l’Anas ».
«Avec l’assesseur Bertschy, nous avons proposé de construire un parcours qui permettra aux compagnies de transports publics sur roue - ajoute Roland Martial - d’améliorer la toponymie sur les bus et dans les gares routières, et nous avons également demandé à ce que la compagnie publique nationale qui gère le système ferroviaire, RFI, suive à la lettre la graphie des communes telle qu’elles sont indiquées dans la loi du 9 décembre 1976 sur les panneaux en gare et sur ses plateformes en ligne. Au vu des rénovations de la ligne ferroviaire, la mise à jour des panneaux en gare reste pour nous une priorité absolue».
«Nous avons demandé à l’assesseur Guichardaz d’aider notre association à diffuser les prononciations officielles des communes, enregistrées par le BREL, sur Wikipédia, car les pages sur la Vallée d’Aoste cumulent plus d’un million de vues annuelles en français, anglais et italien. - souligne Roland Martial - Pour cela, nous avons besoin que la Région libéralise les prononciations en leur attribuant une licence gratuite et libre Creative Commons, ce qui nous permettra de les partager sur internet en laissant à la Région l’attribution des contenus. Là aussi, nous attendons également une réponse d’ici la mi-février».
L’association s’est aussi massivement engagée dans le monde digital. Après avoir corrigé les noms de 15 Communes sur Google Maps et de 9 Communes sur Apple Maps, elle s’est attaquée aux corrections des noms des villages, hameaux et localités sur Google Maps, telles qu’établies par la Région, obtenant la rectification de dizaines de toponymes à Allein, Aoste, Champdepraz, Charvensod, Introd, Montjovet et Saint-Christophe. Sur OpenStreetMap, plateforme en ligne gratuite sur laquelle se basent des services comme Facebook, Instagram ou Mapbox, sur les plus de 3.000 toponymes officialisés, un toponyme sur 4 est aujourd’hui conforme.
L’association s’est également engagée pour la défense du toponyme du Breuil aux côtés du Comité des Traditions Valdôtaines et de l’Anpi Vallée d’Aoste, en coécrivant une lettre ouverte demandant aux administrateurs locaux de sauvegarder le toponyme «Le Breuil», adopté en 2023 à l’unanimité, en jugeant que revenir au toponyme «Cervinia», aboli le 25 août 1947 par le Conseil communal de Valtournenche par retour au toponyme pré-fasciste du Breuil, constituait une erreur historique et une énième dégradation de la toponymie valdôtaine. Début 2025, l’association prévoit des rencontres avec la population du territoire de Valtournenche pour discuter de la question.